• L'Aventurier de tous les possibles dit :

    " Il te faut sans cesse exercer ton regard à discerner l'essentiel. Et l'essentiel contrarie parfois bien des évidences. Ainsi, on pense que la réalité est telle qu'elle est ; alors qu'en fait, elle est telle qu'on la perçoit. Notre vie n'est pas modelée par ce qui nous arrive, mais par ce que nous faisons avec ce qui nous arrive. Par exemple, l'échec n'est rien en lui-même ; tout dépend de la manière dont nous le convertissons, dans l'alchimie de nos coeurs : en potion magique ou en poison mortel. L'échec peut être une chute fatal pour certains et un formidable tremplin pour d'autres. Notre regard transfigure toutes choses en forme dégradée ou en forme sublimée. Il faudrait apprendre à délocaliser notre esprit. A ne pas être conditionné outre-mesure par un contexte précis. Ouvrir son esprit sur quelquechose d'illimité.

    Nous savons tous que nous sommes appelés à disparaître. Mais nous avons aussi l'insistante intuition que quelque chose de nous est appelé à s'éterniser. Nous sommes faits pour l'instant. Mais aussi pour l'éternité. Autant dire : à chercher la face sublime de la réalité.

    Vous, les rêves, vous êtes tous originaires du même arrière-pays, situé quelque part dans l'arrière-pensée des hommes. Seulement voilà : tous n'ont pas le même destin. Certains se laissent aller complètement et dégénèrent en rêvasseries stériles qui ne mènent nulle part. D'autres cherchent ce qu'il y a d'agréable dans la vie, sans autre idée d'accomplissement ; ils deviennent des rêveries platoniques et agissent comme des douceurs d'un moment. Et les hommes, habitués à errer dans les régions basses du rêve (la rêverie et la rêvasserie) en oublient leur Grand Rêve. On leur a répété : "Arrête de rêver !", avec une telle application péremptoire, qu'ils se sont arrêtés effectivement en chemin. Alors que s'ils avaient persévéré dans l'ascension, s'ils avaient cherché à prendre de l'altitude, eh bien ils auraient découvert un sommet vertigineux et magnifique. Simplement pour rejoindre ce Grand Rêve, il faut du courage, de l'audace et de la persévérance. Mais cela demande du temps, parfois beaucoup de temps. Par conséquent, il faut y croire, beaucoup y croire. Mais au bout du compte, marier le rêve à la réalité, n'est-ce-pas le but de toute vie réussie, de tout Grand Amour ? "

    EXTRAIT DE LITTLE SOMETHING PAR François GARAGNON


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  • L'Aventurier de tous les possibles dit :

    " La routine, c'est la région basse du temps qu'on aimerait quitter à jamais, la répétition ordinaire des actes et des jours qui mène au sentiment de servitude et de lassitude et donc au désenchantement.

    Le rituel, ce sont les hautes terres bienheureuses que l'on désire rejoindre pour toujours, parce qu'il s'y noue une certaine qualité de lumière et de relations humaines, une saveur sans cesse renouvellée des choses, pour la bonne raison que l'on a appris à les goûter et donc à en estimer la précieuse valeur. Alors, la servitude devient service, l'écoulement passif des heures devient comme le chant d'une fontaine ; au lieu de se corrompre, les arômes s'arrondissent à force de macérer, deviennent nectars incomparables. La vie est cadencée par un rythme, un désir, un bienheureux appetit comme dans un rendez-vous attendu avec ferveur.

    Et tu connais les mouvements du coeur quand on se rend à un rendez-vous d'amour : il se dilate, il palpite, il nous fait tressaillir de joie, il nous place dans l'enchantement prémonitoire de ce que l'on va vivre et, à la fois, dans le suspense de quelquechose d'inaugural qui se réinvente à chaque fois. Car le rituel trouve là son enchantement : il revêt des contours familiers que le coeur redécouvre toujours d'une manière différente. C'est ainsi que l'on passe de la contrainte subie à la nécessité intérieure, car le coeur réclame le rituel comme la bouche gourmande réclame une douceur.

    Tu peux poursuivre le même raisonnement avec tous les sujets qui ont à voir avec le sens de la vie. L'Amour précisément. Les gens confondent souvent l'Amour fou avec une émotion intense qui relève du petit bonheur la chance. Et ils se morfondent de constater que cela ne dure pas. Alors, ils parlent d'illusions perdues et tiennent de grandes théories en disant que tout passe et tout lasse... Alors que l'Amour est vraiment fou quand il nourrit des certitudes sans preuve, quand il se projette dans l'avenir comme une cascade se projette dans le vide, non pas dans un élan inconscient mais dans une surabondance d'Amour !

    Oui, l'Amour est vraiment fou quand il cherche à associer l'intensité et la durée, le frémissement de la seconde à la grande palpitation de l'éternité.

    Il me semble que chacun à en lui-même un instinct de sublimation, qui est à l'esprit ce que l'instinct de conservation est au corps. Ce sont les forces de vie à l'oeuvre. Ainsi, les basses régions de la routine, de la rêvasserie, de l'amourette sont des régions stériles car peu visitées par le soleil, et incapables de donner du fruit. Tandis que les hautes et riantes contrées du rituel, du rêve actif, de l'Amour fou sont naturellement prospères, baignées de vie et de lumière, des lieux fondateurs où se nouent des joies profondes et des alliances indestructibles. "

    EXTRAIT DE LITTLE SOMETHING PAR François GARAGNON


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